Le CDI n'est plus une fin en soi pour les jeunes actifs (Crédits: Adobe Stock)
La société et le monde du travail sont en constante évolution, mais pas toujours dans le même sens ou au même rythme. En France, les jeunes travailleurs de la génération Z ont des aspirations bien loin de celles de leurs aînés, ne rêvant plus d'un CDI à tout prix mais revendiquant sans complexe le salaire comme première motivation au travail. De quoi déstabiliser parfois les entreprises et les managers…
Le CDI est-il obsolète ?
Alors que pour les générations précédentes, la signature d'un CDI (contrat à durée indéterminée) représentait le graal d'une carrière, quitte à faire des sacrifices pour l'obtenir, son aura semble faiblir auprès des générations entrantes sur le marché du travail, au point que certains s'interrogent sur l'avenir du CDI.
Pourtant, une étude récente (1) montre qu'en France, si le CDI n'est effectivement plus le critère numéro un pour le choix d'un poste, il reste tout de même un critère privilégié pour 65% des jeunes répondants.
Pour autant, le ressenti des jeunes de la génération Z vis-à-vis du CDI est ambivalent : les groupes de discussions organisés autour de cette étude ont mis en évidence un décalage dans la perception du CDI entre les jeunes et les employeurs.
Les jeunes associent ce type de contrat à de «l'enfermement», un contrat dont «on ne peut sortir» synonyme pour eux d'un «engagement moral», une position que ne comprennent pas les employeurs qui relèvent de leur côté qu'un CDD (contrat à durée déterminée) est plus compliqué à rompre qu'un CDI.
«Le CDI, pour moi, c'est un petit peu pour "toujours" si on veut», témoigne dans l'étude Irina, étudiante. «Ça représente l'enchaînement, je trouve, à l'entreprise. Si on veut l'arrêter j'ai l'impression que ça va se faire avec des démarches compliquées qui ne donnent pas envie. Et il y a une notion d'engagement en CDI. On se sent lié moralement. Je me sentirai plus impliquée dans un CDI que dans un CDD. Liée toujours à l'entreprise en quelque sorte.»
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Une génération plus volatile mais qui garde les pieds sur terre
Cette réticence à s'engager sur le long terme auprès d'une seule entreprise déstabilise les managers, qui sont 79% à déclarer que les jeunes générations sont plus difficiles à manager que les générations précédentes, selon un sondage publié dans le cadre du festival Think Forward (2).
Ils pointent notamment la difficulté à «les motiver sur le long terme, face à leur désir de changement rapide» et estiment à 85% que les jeunes (de 18 à 34 ans) sont moins fidèles à leur employeur :
- 46% des managers pensent que les jeunes sont, quoi qu'il arrive, moins fidèles à leur entreprise et prêts à changer d'emploi plus souvent que les autres.
- 39% des managers pensent que les jeunes sont moins fidèles à leur entreprise, à moins qu'elle ne réponde à leurs attentes (valeurs, équilibre vie professionnelle/vie personnelle, mission, salaires, évolution de carrière).
Mais que pensent les jeunes de leur carrière professionnelle ? Ils ont effectivement un rapport au travail très différent de celui de leurs aînés.
Contrairement à ce que l'on a beaucoup entendu, il ne s'agit pas nécessairement de trouver un sens profond à leur poste ou d'être en accord avec les valeurs de leur entreprise.
D'après le sondage, ils entretiennent surtout un rapport décomplexé au travail qui est vu comme un moyen (principalement de gagner de l'argent) plutôt que comme une fin en soi qui les mènerait sur la voie du bonheur.
Ainsi, ils ne sont que 34% à penser que le travail est «absolument» essentiel à leur épanouissement personnel.
55% d'entre eux pensent que le travail est important mais n'est pas l'élément central de leur épanouissement personnel, une proportion qui monte même à 62% pour la tranche plus âgée des 25-34 ans.
Les jeunes répondants croient d'ailleurs peu au concept de «travail-passion» :
- Seuls 42% pensent qu'il est important de travailler dans un domaine qui les passionne.
- Et 56% estiment qu'avoir un métier qui les passionne n'est qu'un bonus voire quelque chose d'inutile ou qui n'a pas de sens pour eux.
Les critères principaux de motivation au travail sont pour eux :
- La rémunération (40%).
- L'épanouissement personnel (35%).
La sécurité de l'emploi semble peu compter aux yeux des jeunes puisqu'ils ne sont que 9% à citer ce facteur comme motivation dans leur travail, tout comme les opportunités d'évolution que peut offrir l'entreprise, facteur de motivation qui n'est cité comme que par 7% d'entre eux…
Contrairement à une idée reçue, les valeurs et l'impact de l'entreprise sur la société n'ont d'importance que pour 8% des répondants !
Ils sont en revanche sensibles à la taille de l'entreprise puisque s'ils avaient le choix, 51% des 18-34 ans voudraient travailler pour une petite société ou une start-up de moins de 50 salariés.
(1) «Jeunes et entreprises : la rencontre (im)possible!», CCI Nantes St-Nazaire, 15/02/2024.
(2) Sondage Odoxa – Festival Think Forward – Baker Tilly, 12/11/2024.
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